APRES LE TREMBLEMENT DE TERRE

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APRES LE TREMBLEMENT DE TERRE Details

Un mois après le tremblement de terre de Kobe en 1995, les secousses continuent dans le coeur des Japonais... Les séismes intérieurs déplacent les solitudes ordinaires, réveille les consciences endormies ou ravive le feu de la vie. A travers six variations, Murakami effleure, avec une infinie délicatesse, la faille intérieure présente en tout être.

Reviews

C'est avec "Après le tremblement de terre" (2000) que se termine la troisième partie de l'oeuvre murakamienne. Commencée sous le signe des prix littéraires et des romans à grand succès (1979-1987) et continuée sous l'exil (1988-1995), la carrière de Murakami rejoint le Japon en 1995 pour examiner les deux tragédies fondatrices du Japon de la fin du XXème siècle: l'attentat du métro de Tokyo au gaz sarin et le tremblement de terre de Kobé à quelques mois d'intervalle en 1995.Mais là où Murakami avait choisi le genre extrêmement rigoureux du "non fiction" pour éplucher, témoignage après témoignage, les attentats de la secte Aum (dans le magnifique et éprouvant "Underground"), l'auteur choisit ici le genre non pas de la nouvelle, mais de la vignette. "Après le tremblement de terre" nous en offre six, d'un onirisme et d'une poésie ébouriffants, et on notera la volonté de l'auteur de faire très court (chaque nouvelle fait 25 pages en moyenne), là où "Underground" était un rapport d'enquête de 600 pages.Donc dans "Après le tremblement de terre", Murakami prend le contrepied stylistique total d'"Underground" afin d'examiner le tremblement de terre ou, plus exactement, son impact dérivé sur la vie de gens plus malheureux, bizarres et éperdus d'amour les uns que les autres. Bien souvent le drame de Kobé lui-même n'est qu'au deuxième plan de l'intrigue (voire au troisième plan) et on a l'impression qu'il n'est qu'un prétexte aléatoire au bon déroulement de la vignette.Avec ce tout petit livre, Murakami nous fait entrer dans un "bonsai littéraire" très court mais très dense et très travaillé, où rien n'est laissé au hasard, et surtout pas l'ordres des nouvelles (la partie qui suit ne contient pas de spoiler)."Un ovni a attérri à Kushiro" est sans doute la nouvelle la plus dépendente du tremblement de terre puisqu'il en est l'élément déclencheur. Son aspect doux-amer donne le ton du recueil."Paysage de fer" est très onirique, assez sombre aussi, et poursuit la logique des destins croisés mis en avant par "un ovni...""Tous les enfants de Dieu savent danser" (qui a été adapté au cinéma) décrit une impossible relation entre un fils et sa mère dans le contexte d'une éducation religieuse très sévère.Jusqu'ici chaque nouvelle est bonne, mais chacune a la particularité d'être meilleure que celle qui la précède.Avec "Thailande", on arrive à un véritable chef d'oeuvre dans lequel une spécialiste de la thyrroide découvre le sens de son existence en passant quelques jours de congé en Thailande......Mais pour contrebalancer cette gravité magique, Murakami fait suivre "Thailande" par le délirant "Crapaudin sauve Tokyo" dans lequel un crapaud géant est la seule chance de l'humanité pour empêcher un tremblement de terre à Tokyo. Quant à "Galette au miel", c'est une histoire d'amour meveilleuse, superbement ciselée, avec la profondeur des gros romans de Murakami, qui clot le recueil.Allors que j'avais reproché à l'auteur dans ses nouvelles précédentes (rassemblées dans "L'éléphant s'évapore") de se désintéresser de ses sujets et de transformer ses nouvelles en cimetières de romans, ici on est abasourdi par le soin de Murakami à peupler ce recueil d'une cohérence et d'une poésie inégalés."Après le tremblement de terre", petit recueil d'à peine plus de 150 pages, est l'un des très grands livres d'Haruki Murakami.Qui l'eut cru?